Liens entre CODS et travail de force / Impact des périodisations d'entrainement sur la masse musculaire

Ici nous présentons deux articles scientifiques récemment parus. L'un porte sur l'impact du travail des modalités de force et leur lien avec les changements de direction à haute vitesse. Le second met en relation des périodisations différentes d'entrainement et les impacts de ces méthodologies sur la masse et la force musculaire.

REVUE LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE

B. Marmoud

2/9/20255 min read

« Strength characteristics in faster change of direction basketball players: A comparison across cutting angles »

https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11369323/pdf/EJSC-24-1260.pdf

Dans cet article publié en 2024 dans l’European Journal of Sport Science, l’équipe de recherche s’est intéressée aux caractéristiques de force (isométrique, concentrique et excentrique) qui influencent la capacité de changement de direction (COD) chez des basketteurs. L’objectif était triple :

  1. Comparer les différences de force musculaire des membres inférieurs entre des joueurs « rapides » et « moins rapides » dans des tests de changement de direction à 45°, 90° et 180°.

  2. Analyser la relation entre la force (évaluée de manière isométrique, concentrique et excentrique) et la performance en COD.

  3. Identifier des applications pratiques pour améliorer spécifiquement les performances de COD en fonction de l’angle de coupe.

Méthodologie
  • Participants : 25 basketteurs (44 % de femmes), ayant réalisé :

    • Une série de tests de force isocinétique et de force isométrique (dont un squat isométrique).

    • Des tests de COD à 45°, 90° et 180°.

  • Les joueurs ont ensuite été classés en deux groupes :

    • Groupe « faible performance » (low-performance).

    • Groupe « haute performance » (high-performance).

  • La comparaison statistique a porté sur les différences de performance et la corrélation entre les divers modes de contraction (isométrique, concentrique, excentrique) et la réussite en COD.

Résultats principaux
  1. Concentric Strength au 45°

    • La contraction concentrique est celle qui différencie le plus les deux groupes de performance lors du changement de direction à 45° (taille d’effet = 0.813).

    • Les joueurs rapides présentent des niveaux de force concentrique nettement plus élevés.

  2. Isometric & Eccentric Strength au 90°

    • Les forces isométrique et excentrique montrent une relation de niveau modéré à élevé avec la performance en COD à 90° (rho ≈ 0.394 à p<0.05).

    • Savoir maintenir ou absorber l’effort (excentrique/isométrique) semble donc crucial sur les angles intermédiaires.

  3. Toutes les actions musculaires au 180°

    • À 180°, la relation est forte (rho > 0.44) entre la performance en COD et l’ensemble des types de force (isométrique, concentrique, excentrique).

    • Les joueurs les plus performants affichent généralement un plus fort rapport entre force concentrique et excentrique.

Conclusion & Applications pratiques

Cette étude met en évidence que les besoins en force changent selon l’angle de course :

  • 45° : prédominance de la force concentrique.

  • 90° : importance de la force excentrique et isométrique.

  • 180° : une forte relation avec toutes les formes de force.

Les entraîneurs et préparateurs physiques en basket peuvent s’appuyer sur ces résultats pour affiner leurs programmes, en ciblant spécifiquement le type de force requis pour chaque angle de COD et améliorer ainsi la rapidité et la réactivité de leurs joueurs.

  • Individualisation de l’entraînement : Les coachs devraient adapter le type de travail de force (concentrique vs excentrique vs isométrique) en fonction des angles de course les plus fréquents dans le jeu du joueur ou de l’équipe.

  • Accent sur la force concentrique pour les angles plus fermés (≤ 45°) afin de favoriser les accélérations initiales et la capacité à « démarrer » ou changer de direction rapidement.

  • Développement de la force excentrique et isométrique pour renforcer la maîtrise de la décélération (surtout autour de 90°), et améliorer la stabilité et l’explosivité en sortie d’appui.

  • Optimiser le ratio concentrique/excentrique : veiller à ce que les programmes de préparation physique incluent des exercices qui équilibrent la capacité à produire de la force et à la contrôler/absorber, en particulier pour les COD à plus grand angle (180°).

woman wearing black top top holding black dumbbells standing in front of mirror
woman wearing black top top holding black dumbbells standing in front of mirror

« Does Taking a Break Matter - Adaptations in Muscle Strength and Size Between Continuous and Periodic Resistance Training »

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/sms.14739

Cet article, publié en 2024 dans le Scandinavian Journal of Medicine & Science in Sports, compare les effets de deux approches d’entraînement en résistance (musculation) :

  1. Entraînement continu (CRT).

  2. Entraînement périodique (PRT) incluant une phase de détraining (arrêt de l’entraînement).

Les auteurs cherchent à déterminer si prendre une pause (detraining) a un effet négatif durable sur la force et l’hypertrophie musculaire, ou si les « pertes » sont rapidement récupérables.

Méthodes et protocole d’étude
  • Participants : 55 adultes en bonne santé (32 ± 5 ans, non-initiés en musculation).

    • Groupe PRT (n=20) : 10 semaines d’entraînement, 10 semaines de pause, puis de nouveau 10 semaines d’entraînement.

    • Groupe CRT (n=22) : 10 semaines sans entraînement initial, puis 20 semaines d’entraînement continu.

    • Les deux groupes avaient une proportion similaire de femmes (environ 45 %).

  • Programme d’entraînement :

    • 2 séances supervisées par semaine (musculation globale du corps).

    • Exercices principaux : leg press (LP), biceps curl (BC).

  • Mesures :

    • Force maximale : 1RM au leg press et 1RM au biceps curl.

    • Épaisseur musculaire : area (CSA) du vaste latéral (cuisse) et du biceps brachial, mesurée par échographie.

    • Performance explosive : saut (CMJ).

  • Les évaluations ont eu lieu au départ, puis toutes les 5 semaines.

Résultats clés
  1. Gains de force et de masse musculaire

    • Les deux groupes (PRT et CRT) ont progressé significativement (p < 0.001) en 1RM (LP, BC), en épaisseur musculaire (CSA) et en hauteur de saut (CMJ).

    • Pas de différence finale marquante entre PRT et CRT en fin d’étude : les adaptations à long terme sont similaires.

  2. Diminution pendant la pause chez PRT

    • Pendant la période de détraining (10 semaines de pause), le groupe PRT a observé une baisse significative (p < 0.05) :

      • de la force maximale (LP et BC),

      • de l’épaisseur musculaire (CSA VL et BB),

      • de la performance au saut (CMJ).

    • Toutefois, lors de la reprise (seconde phase de 10 semaines), les gains en force et hypertrophie ont été plus rapides qu’en phase initiale.

  3. Rattrapage rapide (muscle memory)

    • Au cours des 5 premières semaines de reprise (retraining) du groupe PRT, l’augmentation de la force (1RM) et de la CSA a été plus rapide que chez CRT au même stade de leur entraînement.

    • Les deux groupes ont finalement atteint un niveau similaire de développement musculaire et de force.

Applications pratiques
  • Pause ponctuelle et « muscle memory » : Les résultats suggèrent que prendre une courte pause dans un programme de musculation n’entraîne pas de conséquences négatives irréversibles. Même si la force et l’épaisseur musculaire diminuent partiellement, la reprise permet de récupérer plus vite grâce à la « mémoire musculaire ».

  • Gestion de l’entraînement sur le long terme :

    • Il n’est pas nécessaire de s’inquiéter de manière excessive d’un arrêt court (vacances, obligations personnelles, etc.).

    • Les pratiquants peuvent reprendre l’entraînement en prévoyant une phase de réadaptation relativement rapide.

  • Stratégies de programmation :

    • Dans une optique de long terme, un entraînement périodisé avec des phases de repos planifié peut être tout aussi efficace qu’une approche continue.

    • Individualiser la durée du repos pour gérer la fatigue, les contraintes professionnelles, ou familiales sans perdre les bénéfices acquis.

Conclusion

Cette étude montre que l’entraînement en résistance périodique, avec une pause d’entraînement suivie d’une reprise, produit à long terme des gains comparables à une approche continue. Les baisses de force et de masse musculaire observées lors du détraining se compensent rapidement grâce à un effet de mémoire musculaire. En pratique, il n’est donc pas indispensable de maintenir un entraînement strictement ininterrompu pour atteindre des résultats durables en musculation. Les pratiquants peuvent intégrer des pauses planifiées ou forcées sans craindre de pertes irréversibles, tant qu’ils reprennent avec une programmation adaptée.

red pavement
red pavement

Suivez-nous