Litterature scientifique : Syndrome des Ovaires Polykystiques (SOPK) et Performance Sportive : Vers une Prise en Charge Individualisée

Des travaux récents comme ceux de Larsen et al. (2021) ou Georgopoulos et al. (2009) mettent en lumière le rôle central de l’activité physique dans la prise en charge du SOPK. Le sport devient alors non seulement un outil de performance, mais aussi un levier thérapeutique individualisé.

REVUE LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE

B. Marmoud

8/13/20253 min read

A woman jumping over a hurdle on a track
A woman jumping over a hurdle on a track

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une pathologie endocrinienne complexe touchant environ 1 femme sur 10 en âge de procréer. Il se manifeste par un ensemble de symptômes : troubles menstruels, hyperandrogénie, résistance à l’insuline, troubles de la fertilité, et une tendance au surpoids ou à l’obésité. Bien que les effets du SOPK sur la santé reproductive soient bien connus, ses conséquences métaboliques et endocriniennes sur la performance sportive, la récupération et l'entraînement restent encore trop peu considérées dans les milieux sportifs, tant amateurs qu'élites.

SOPK : Défis Métaboliques et Endocriniens pour l’Athlète
1. Résistance à l’insuline et métabolisme énergétique

Chez les femmes atteintes de SOPK, la résistance à l’insuline est l’un des marqueurs les plus fréquents, même en l’absence de surpoids. Cette altération perturbe le métabolisme du glucose, ce qui peut affecter :

  • La gestion de l’énergie pendant l’effort ;

  • La récupération glycémique post-exercice ;

  • La prise de masse musculaire ou la perte de graisse.

2. Déséquilibres hormonaux et récupération

Les déséquilibres hormonaux associés au SOPK (augmentation de la testostérone libre, baisse de la progestérone, cycles anovulatoires) peuvent avoir des répercussions sur :

  • La qualité du sommeil, avec des conséquences directes sur la récupération ;

  • Le rythme d’adaptation physiologique à l’entraînement ;

  • Les risques de blessure, notamment via une altération de la composition corporelle ou une augmentation de l'inflammation de bas grade.

L’importance d’une Prise en Charge Individualisée

Chaque athlète est unique, et c’est particulièrement vrai chez les femmes vivant avec un SOPK. Les recommandations générales doivent céder la place à des protocoles personnalisés, tenant compte du profil hormonal, métabolique et psychologique de l’athlète.

Axes d'individualisation :
  1. Planification de l’entraînement :

    • Privilégier l’alternance entre travail aérobie modéré et séances de résistance musculaire, qui améliorent la sensibilité à l’insuline (Larsen et al., 2021).

    • Intégrer des phases de récupération active plus longues.

  2. Suivi hormonal régulier :

    • Travailler avec un gynécologue-endocrinologue pour suivre les évolutions hormonales (LH, FSH, testostérone libre, insuline, SHBG).

  3. Nutrition adaptée :

    • Réduire l’apport en sucres rapides, augmenter les fibres et les protéines ;

    • Favoriser un index glycémique bas, pour limiter les pics d’insuline.

  4. Gestion du stress et sommeil :

    • Le stress chronique aggrave l’hyperandrogénie ; des techniques comme la cohérence cardiaque, la pleine conscience ou le yoga peuvent être intégrées.

A woman in a yellow uniform is playing basketball
A woman in a yellow uniform is playing basketball
Le Rôle du Sport dans la Gestion du SOPK

L’activité physique n’est pas une simple recommandation hygiéno-diététique : c’est un traitement non pharmacologique majeur.

Effets bénéfiques du sport sur le SOPK (Georgopoulos et al., 2009 ; Larsen et al., 2021) :
  • Amélioration de la sensibilité à l’insuline ;

  • Réduction de la testostérone libre ;

  • Meilleure régularité des cycles menstruels ;

  • Diminution des marqueurs d’inflammation ;

  • Réduction de la masse grasse, en particulier abdominale.

Sport et empowerment féminin

Enfin, au-delà des dimensions biologiques, l’activité physique chez les femmes atteintes de SOPK participe à la restauration de l’estime de soi, à la réduction de la détresse psychologique souvent associée à cette pathologie, et à une réappropriation du corps et de ses capacités.

Conclusion

Le SOPK n’est pas une contre-indication à la performance : c’est une condition qui exige écoute, adaptation et accompagnement pluridisciplinaire. Le sport, lorsqu’il est bien dosé et individualisé, s’impose comme un vecteur de résilience physiologique et mentale. Dans une approche centrée sur l’athlète, entraîneurs, préparateurs physiques et personnels de santé doivent collaborer pour optimiser la charge d’entraînement tout en respectant les spécificités du SOPK.

À retenir :
  • Le SOPK modifie les réponses métaboliques et hormonales à l’effort ;

  • Une approche générique peut aggraver les symptômes ou freiner la performance ;

  • Une planification individualisée, fondée sur la science, est essentielle à la progression durable.

Références
  • Larsen, S., et al. (2021). Effect of exercise interventions on hormonal and metabolic profiles in women with polycystic ovary syndrome: a systematic review and meta-analysis. Sports Medicine.

  • Georgopoulos, N. A., et al. (2009). Effects of exercise on the endocrine system in polycystic ovary syndrome. Reproductive BioMedicine Online.

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